Cré-IA-tivité ?
Avec l’arrivée de L’IA+ beaucoup de personnes s’essayent à composer des images, des textes, de la musique… Cela réveille une envie de créativité, cela génère le désir de partager ses propres idées sous une forme artistique, cela ouvre un champ des possibles… L’esprit enfile alors une sorte d’exosquelette mental qui en quelques secondes vous livre son flot de compositions « originales » … Sur le coup, la manipulation est assez bluffante et
puis cela a le mérite d’être encourageant, de réveiller le démiurge qui sommeille en chacun nous, ce créateur de monde qui s’abreuve d’imagination. C’est son instantanéité qui est certainement la plus impressionnante.
Puis vient la possibilité de nuancer ou le plus souvent de faire nuancer l’ensemble du propos, ce qui va commencer à révéler quelques failles, quelques limites, mais qu’importe, car la magie opère toujours et c’est avec un sentiment d’accomplissement personnel que l’on peut assez rapidement contempler « l’œuvre » dont nous avons été les initiateurs avec le sentiment d’avoir été entendu, écouté et surtout compris ! C’est la grande force de l’IA, nous offrir la sensation d’avoir été parfaitement compris, car son arborescence est destinée à mettre en priorité de l’ordre dans nos idées.
Vient alors tout naturellement le désir de s’accaparer de cette œuvre qui ne doit son existence, nous semble-t-il, qu’à l’exercice de notre pensée. Quoi de plus légitime ? Mais qu’en est-il réellement ? Si l’on écoute soigneusement les textes produits par l’IA, si l’on regarde attentivement les images ainsi générées… nous nous retrouvons face à un assortiment de clichés que l’IA arrive partiellement à dissimuler à coup de poudre aux yeux, mais le style reste détectable ou assimilable à une approche plutôt simplifiée de la créativité en général. Cela ne veut pas dire pour autant que ce n’est pas en partie réussi ou que cela ne peut pas plaire ! Une grande majorité, des œuvres, des musiques, des films, des spectacles qui marchent, fonctionnent sur des principes simples, déclinés en méthodes reconnues et pourtant adorés du grand public.
Alors qu’en penser ?
Comme tout progrès l’IA est un formidable outil de travail, mais pas une fin en soi. Un support, un marche pied, un élévateur qui peut nous guider, nous porter, nous inspirer ! Mais la créativité humaine reste un domaine imprévisible, émotionnel, imparfait, un briseur d’algorithmes, une entropie salvatrice alors que l’IA porte en elle le risque de l’uniformité et donc à terme de la banalité. La difficulté vient donc du fait, tout en évitant de tomber dans le piège d’une vision restrictive du genre : HUMAIN VS IA, de bien réussir à faire le distinguo entre la réalisation effective de ce que l’on attend et la part d’imprévisible qui est le sel de toute créativité.
Le billet de Théodore Wåldo.
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