À la faveur de la nuit, je suis allé au-devant des « Gilets jaunes »
À la faveur de la nuit, je suis allé au-devant des « Gilets jaunes », j'ai croisé des regards en colère et désespérés, je suis allé parler avec des groupes dispersés autour des Champs-Élysées, car l’accès était verrouillé par les forces de l’ordre.
J’ai recueilli des témoignages fatigués, tristes, mais déterminés. J’ai senti beaucoup de solidarité et un grand besoin de parler, d’échanger, d’exprimer le dégoût d’une société divisée en classes sociales de plus en plus inégalitaires, il y avait des rires et des sanglots, des petites paluches glacées qui ont tenu les miennes...

Au sol, quelques sémaphores échoués entre les pavés disjoints de la capitale, des feux de signalisation qui viraient du rouge au vert, de la colère à l'espoir.
J’ai senti une aversion des idées au profit de l’action, on était pas loin du :
« On veut du pain, pas des idées ! »
J’ai répondu que tout était entre nos mains et que passer à l’acte c’était :
« Agir-Créer-Transmettre-Evoluer »
J’ai loué le fait que la radicalisation pouvait emprunter des chemins pacifiques sans pour autant céder à la passivité. Ils m’ont répondu être venus sans armes, pour être entendus, écoutés et peut-être compris et qu’ils n’avaient trouvé que des hommes en armes chargés de les repousser.
J’ai senti la toute-puissance d’un peuple en colère et l’effroi m’a saisi à l’idée que toute cette énergie encore chargée d’espoir ne devienne la proie de ceux qui rêvent de monopoliser les masses pour instaurer dans notre pays un État d'exception.
Il me semble que tous les libres penseurs, les artistes, les écrivains, les intellectuels…. ont le devoir de se poster au plus près de l’action, afin de libérer et d'accompagner la parole de chacun vers l’égalité pour tous !
Nous ne pouvons plus continuer à regarder la vie défiler sous le prisme de nos écrans, nous avons tous la capacité de changer le monde et nous devons le faire ainsi, entre citoyens libres et solidaires, pacifiques et déterminés, portés par le goût d’une alternative écologique et solidaire basée sur l’union de nos volontés.
Théodore Wåldo